D’un point de vue technique, on pourrait vivre dans une fusée de manière indéfinie.
C'est à dire que, pour être dans une fusée, il faut savoir se prémunir des radiations qui viennent de l'extérieur, de la température, de la pression, afin de vivre dans des conditions qui sont quand même assez proches de ce que l’on vit actuellement dans nos maisons. Pour cela, on a déjà des technologies qui existent.
Ensuite, pour prolonger la durée de vie des missions, il faut que l’on ait une source de nourriture, que l’on puisse respirer, boire et aussi évacuer ou retraiter les différents déchets que l’on va produire.
Le corps humain et ses besoins
Le premier besoin est donc de respirer. On sait aujourd'hui traiter le CO2 rejeté par les astronautes et on sait également recréer le dioxygène, dont on a besoin, dans une atmosphère.
On sait également amener de la nourriture. Aujourd'hui, tout est empaqueté. Les astronautes mangent cette nourriture en la réhydratant avec de l'eau. Dans un avenir plus lointain, si on veut aller vers Mars, le voyage depuis la Terre durera 9 mois, il faudra donc produire sa nourriture sur la station ou dans la fusée qui va nous accueillir. Cela nécessite quand même d'apporter des graines à faire pousser pour avoir de la salade, par exemple, ou tout un tas d'aliments qui seront nécessaires pour se nourrir.
Le recyclage dans l’espace !
Ensuite, il va y avoir le traitement des déchets. Ce qui est important, c'est justement de récupérer la plupart des déchets, qu’ils soient organiques ou non organiques, que l'on sache les traiter et recréer de la valeur ajoutée. C'est à dire que, par exemple, quand on va aux toilettes, il faut récupérer l'eau des urines pour la retraiter, pour qu'elle puisse être consommée de nouveau. Quand on va partir de la Terre pour aller vers Mars pendant 9 mois, on va rester en totale autonomie. Il faudra vraiment savoir réutiliser tous les déchets que l’on va produire et c'est quelque chose qui va être hyper important. Et aujourd'hui, ces technologies, elles existent. Par exemple, dans la station spatiale internationale (ISS), on a un recyclage qui est à peu près à 92 %. C'est quelque chose qui est quand même très fort. On est un peu les champions du recyclage dans cette station et si on veut aller plus loin, il va falloir recycler encore plus.
Trajet vers Mars : attention aux radiations !
En ce qui concerne un autre volet, celui de la physique, il faut savoir que quand on se promène entre la Terre et Mars et qu’on est proche de la Terre, on est protégé des radiations qui viennent du soleil et de l'espace environnant. À partir du moment où on part de la Terre, on n’a plus la magnétosphère pour nous protéger. Cette couche protectrice est très proche de la Terre en fin de compte, parce que quand on est dans l’ISS, on est qu'à 400 kilomètres. Pour Mars, on souhaite aller à des millions de kilomètres. Donc on ne va pas avoir cette couche protectrice et il va falloir qu'on arrive à trouver une technologie pour nous protéger de ces fameuses radiations. C'est un peu comme quand on fait une radio, on ne peut pas en faire tous les jours. Donc il faut vraiment limiter le plus possible ces radios qui vont venir vers nous, tous ces rayonnements qui sont assez néfastes pour le corps humain.
Du sport pour atteindre Mars en forme
Ensuite, forcément, quand on est dans une station, il faut que l’on fasse du sport parce que l’on est en microgravité. À cause de ça, les muscles vont s'atrophier de plus en plus. Il faut donc vraiment créer ce sport pour être assez robuste quand on va atterrir sur Mars, car ce serait dommage qu’en arrivant on n’ait plus du tout d'activité musculaire, on ne pourrait pas aller beaucoup plus loin. Pour cela, généralement, quand on est dans l’ISS, on consacre la moitié de notre temps aux activités sportives.
S’installer sur Mars de manière permanente
Aujourd'hui, dans une fusée, ou plutôt dans l’ISS, on est capable d'y vivre pendant quelques mois. Ce que l'on souhaite faire, c'est aller au niveau du « sans limites », c’est-à-dire, être capable de vivre de manière permanente, dans cette fusée ou dans cet habitat qui sera positionné sur Mars. Et pour cela, il faut mettre toutes ces technologies en place pour être indépendant, pour pouvoir produire, traiter et purifier l'eau sur place pour vraiment y vivre de manière saine et ainsi limiter les ravitaillements d'air et d'eau et donc les transports entre la Terre et le lieu où on sera. On pourrait alors imaginer qu’on puisse aller sur Mars pour y découvrir ces nouveaux mystères à partir de 2035-2040.
C'était Alexis Pailler, chef du projet Space Ship, au CNES.
Spaceship | Le site du Centre national d'études spatiales (cnes.fr)