Programme : Raconte-moi l'espace

Comment Perseverance scanne-t-il les traces de vie ​sur Mars​​ ​?

10 Mai 2022 - 4 minutes
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Résumé de l'épisode

Comment le rover Perseverance scanne-t-il les traces de vie sur Mars ? Magali Bouyssou-Mann, responsable des opérations instruments sur les rovers Perseverance et Curiosity, répond à la question ! Le rover Perseverance, qui roule actuellement sur Mars, utilise un instrument français situé sur sa tête, Supercam, pour présélectionner les roches les plus intéressantes qui pourraient contenir des traces de vie.

Pourquoi chercher des traces de vie ?

 

Mars a pu abriter et développer une forme de vie. Elle avait toutes les conditions nécessaires. Si elle en a eu le temps, c'est uniquement des formes de vie composés d'une seule cellule, donc unicellulaire.

Supercam est une super caméra qui dispose de plusieurs fonctionnalités, plusieurs techniques qui vont nous permettre d'aller plus loin dans l'analyse des roches. Il y a également un micro qui nous permet de connaître plein de choses sur les roches. La porosité et la dureté des roches vont être déduites par rapport au son qui est émis lorsque l’on tire sur la roche.

 

Un laser pour étudier le sol de Mars

 

Cette super caméra utilise un laser pour tirer sur la roche avec la puissance d'une centrale nucléaire mais sur un très court instant, ainsi il ne va pas exploser la roche, mais juste la faire chauffer à 8000 °C, ce qui va la faire passer d'un état solide à un état gazeux. À ce moment-là, il se produit un flash lumineux qui va être analysé à l'intérieur de l'instrument pour en déduire le code-barres de la roche. C'est tout simplement sa carte d'identité, ce qu'on appelle, en sciences, sa composition atomique et minéralogique.

 

Une fois qu'il a trouvé une roche intéressante, Perseverance va se déplacer, utiliser son bras pour creuser dans le sol martien, et récupérer un échantillon. Celui-ci sera placé dans un tube qui sera stocké sous son ventre. Il devra ensuite déposer tous ses tubes par paquet sur son chemin. Ils seront récupérés dans quelques années par un autre robot qu'on peut appeler, par exemple, un rover postier. Ce rover placera les tubes dans une fusée pour les faire revenir sur terre et ils pourront ainsi être étudié par des chercheurs en laboratoire avec des instruments beaucoup plus précis que ceux qu'on envoie sur Mars.

 

Un rover programmé à distance

 

C'est le soir que toute l’équipe va programmer Perseverance par rapport à l'endroit où il est, par rapport aux photos que l'on voit, aux images qui ont été prises la veille.

De là, plusieurs questions se posent : Quelle est la meilleure science à lui faire faire ? la plus pertinente ? Celle qui va pouvoir dégager le plus de connaissances possible ?

C'est un peu comme un enfant qu'on envoie à l'école. On va lui dire : « D'abord, le matin, tu vas te lever, tu vas t’habiller, tu vas prendre ton sac, tu vas aller à l'école, tu vas travailler un peu, tu vas faire des maths, du français, tu vas manger le midi », etc. On lui donne son programme. Le soir, on a besoin de savoir comment sa journée s'est passée, on lui dit : « Qu’est-ce que tu as fait ? Est-ce que tu as bien appris ? » etc.

 

La même chose est réalisée avec tous les instruments des rovers. On demande à la fin de la journée : « Envoie-moi tout ce que tu as fait sur Mars, je vais regarder tout ça et je vais te donner ce que tu as à faire pour demain. » Á partir des images, les scientifiques voient par exemple des veines sur la roche qui peuvent être intéressantes, une découpe ou tout simplement des traces, et ce sont eux qui vont nous dire l’endroit précis où il serait intéressant d’aller tirer.

 

La complexité de notre métier, c'est de tirer exactement à l’endroit précis demandé par les scientifiques et qui peut abriter des connaissances scientifiques extrêmement intéressantes.

 

C'était les explications de Magali Bouyssou-Mann, responsable des opérations instruments sur les Rover Perseverance et Curiosity, au CNES.

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