Programme : Raconte-moi l'espace

Est-ce qu’il y a des trous dans l’atmosphère ?

11 Oct 2023 - 6 minutes
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Résumé de l'épisode

Est-ce qu’il y a des trous dans l’atmosphère ? Carole Deniel, experte en sciences atmosphériques au Centre national d'études spatiales, répond à la question ! L’atmosphère est composée de plusieurs couches et c’est dans l’une d’elles qu’il y a eu ce que l’on appelle un trou dans la couche d’ozone. Ce trou a été causé par des polluants industriels. Depuis leur interdiction, le trou diminue, se résorbe.

Je m'appelle Nils, j'ai huit ans et je voudrais savoir s'il y a eu déjà un trou dans l'atmosphère ? Ce serait dangereux parce que l'atmosphère nous protège des rayons ultraviolets du soleil.

Bonjour Nils. Moi je m'appelle Carole, je travaille au CNES, à l'Agence spatiale française et je suis spécialiste de l'atmosphère donc je vais peut-être pouvoir répondre à ta question.

Alors oui, on parle effectivement d'un trou qu'il y a dans notre atmosphère, comme tu dis. Mais en réalité, ce n'est pas vraiment un trou. Pour bien que tu comprennes ce que je veux dire, je crois qu'il faut que nous commencions par expliquer ce que c'est que l'atmosphère : l'atmosphère, c'est une sorte de bouclier autour de la Terre, un bouclier qui nous protège du soleil, de ses « rayons » comme tu dis, mais aussi de l'espace où il fait très froid et où il n'y a pas d'air. Sans atmosphère, c'est bien simple, il n'y aurait pas de vie sur terre, c'est elle qui nous permet de respirer par exemple, ou d'avoir une température agréable. Pour rentrer un peu plus dans les détails, figure toi que l'atmosphère de notre planète n'est pas constituée d'une seule couche, mais de plusieurs couches successives.

 

L’atmosphère est composée de plusieurs couches

 

Il y a la première couche de l'atmosphère qu'on appelle la troposphère dans laquelle on vit, qui va de la surface de la Terre jusqu'à dix ou douze kilomètres d'altitude. Là où les avions volent en général pour nous emmener en vacances. Et au-dessus des avions, il y a une autre couche. Une couche qui est très intéressante, car c'est là que se trouve le fameux trou d'ozone.

Cette couche, elle s'appelle la stratosphère. Elle commence vers dix, douze kilomètres d'altitude jusqu'à environ 60 kilomètres, donc elle est bien plus épaisse que la première couche. Elle est environ quatre fois plus grande. Dans cette couche, il y a un gaz très important, un gaz dont tu as peut-être entendu parler et qui s'appelle l'ozone. Et c'est dans ce gaz qu'on a déjà eu un trou. C'est pour ça qu'on l'appelle le trou dans la couche d'ozone. Comme je te le disais, on dit "trou" mais en fait, ce n'est pas vraiment un trou. Ta question est donc intéressante. Ce qu'on appelle le trou dans la couche d'ozone, c'est en fait une zone où il y a moins d'ozone qu'ailleurs sur la planète. Et c'est très embêtant pour nous car l'ozone que l'on trouve dans la stratosphère joue un rôle très important pour nous.

 

L’ozone protège des rayons ultraviolets

 

Il nous protège, comme tu l'as si bien dit, de certains rayons du soleil qu'on appelle les ultraviolets ou les UV. Quand ils ne sont pas filtrés par l'atmosphère, ce sont des rayons qui sont très dangereux pour notre santé et peuvent provoquer par exemple des cancers. Bon, je te rassure, à l'endroit où on a découvert ce trou d'ozone, eh bien c'est surtout au-dessus du pôle Sud où il y a très peu d'humains qui vivent.

Ce trou d'ozone, ce sont des scientifiques qui l'ont découvert dans les années 80 en lançant vers le ciel des ballons capables d'analyser l'atmosphère au-dessus d'eux. En découvrant qu'il manquait de l'ozone à cet endroit. Ils se sont inquiétés et ils ont demandé l'aide des agences spatiales : la NASA, l'Agence spatiale européenne, le CNES... et ils ont voulu avoir une vision plus globale en utilisant des instruments à bord de satellites qui tournent autour de la Terre vers 600 kilomètres d'altitude.

Et vu d'en haut, effectivement, on a une vision plus globale de l'atmosphère. Les satellites pour ça, c'est un outil formidable. C'est le seul instrument qui nous permet de voir la terre tout entière. Et ce que les satellites ont vu, justement, c'est une tache où effectivement l'ozone avait pratiquement disparu. Alors là, tout le monde a voulu savoir ce qui se passait.

 

Des polluants industriels à l’origine de la destruction de l’ozone

 

On a réfléchi, on a récolté des échantillons sur place, on a analysé tout un tas de choses et on s'est rendu compte que ce trou, c'était nous, les humains, qui l'avions provoqué. Pas exprès, heureusement. Mais en libérant dans l'atmosphère des produits chimiques qui détruisent l'ozone, on a créé ce problème au-dessus du pôle Sud. Alors je ne vais pas rentrer dans les détails, mais ils se sont rendus compte que là, chaque année en hiver, au pôle Sud, il y a une sorte de gros tourbillon qui se crée et qui va aspirer tous les polluants qui ont été émis par l'Homme et qui se retrouvent dans la stratosphère.

Alors, qu'est-ce qu'on a fait quand on a découvert que ce vortex attirait tous ces polluants et détruisait l'ozone ? Eh bien, les scientifiques ont alerté tous les pays qui utilisaient ces industries polluantes et tout le monde s'est accordé pour dire que c'était suffisamment grave pour qu'on arrête d'utiliser ces produits dans les industries. Et ça a marché. Ces produits chimiques sont maintenant interdits et le trou est en train de disparaître, de se résorber.

Alors cette histoire, finalement, nous montre que les scientifiques, quand ils alertent suffisamment tôt les gouvernements, nous permettent de réagir à temps pour éviter la catastrophe. Comme tu le sais sûrement, il y a un autre souci aujourd'hui avec notre atmosphère. Ce n'est pas qu'il manque un gaz cette fois, mais plutôt qu'il n'y en a trop. C'est l'histoire du gaz carbonique ou des gaz à effet de serre, ces gaz qui réchauffent un peu trop notre atmosphère, c'est ce qu'on appelle le réchauffement climatique.

Là encore, il y a de quoi s'inquiéter. Il faut donc agir. Comme on l'a fait pour le trou d'ozone, les pays se sont mis d'accord pour arrêter d'émettre ces gaz à effet de serre et on va bientôt y arriver. En tout cas, grâce au CNES, on va continuer à pouvoir mesurer ces gaz à effet de serre et informer les scientifiques et les gouvernements des situations préoccupantes et de là où il faut agir.

Voilà, j'espère que j'ai répondu à ta question.
Merci Carole Deniel, experte en sciences atmosphériques au Centre national d'études spatiales.

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